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MISE À MORT DU CERF SACRÉ

Racine, Kubrick et Haneke par Lánthimos 

02/11/17

Physiquement douloureux. Un film viscéral qui vous prend aux tripes et vous secoue de l’intérieur. Un film qui vous annonce la couleur dès son premier plan : opération chirurgicale À coeur ouvert ; comprenez coupure À vif, comprenez film sensoriel À fleur de peau.

 

À la séance où j’étais, personne n’a osé se lever de son siège à la fin du film. Personne n’a bougé, tous regardaient l’écran d’un air accablé. Et pour cause, regarder Mise à mort du cerf sacré, c’est une épreuve, et on n’en sort pas indemne. Mais commençons par le commencement.

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Mise à mort du cerf sacré est le dernier film de Yórgos Lanthimos, réalisateur grec dont le nom avait déjà commencé à circuler parmi les cinéphiles. Il est en effet le réalisateur de The Lobster qui avait décroché le prix du jury au festival de Cannes en 2015 et n’avait pas laissé les spectateurs indifférents. The Lobster est dérangeant et déroutant ; il fait partie de ces films qui divisent. Si certains le trouvent poétique et couillu, d’autres le jugent prétentieux et long. Personnellement, je me situais parmi les premiers : The Lobster m’avait intriguée, et c’est donc avec une hâte d’autant plus grande que je me suis retrouvée devant Mise à mort du cerf sacré -ça c’est du titre.

« Tragédie racinienne », « comédie horrifique », « drame burlesque », « conte absurde », « thriller psychologique »... Mise à mort du cerf sacré est une créature difficile à cerner. Ce sera là encore un film qui divisera, parce qu’il s’agit davantage d’une expérience sensorielle, presqu’hypnotique, donc relative à la sensibilité de chacun. En ce sens, ce dernier film est dans la lignée du précédent ; toujours la même froideur et distanciation chez les personnages dont le jeu est quasi- théâtral, toujours le même caractère absurde présent dans le scénario, toujours le même malaise, la même gêne provoqués chez le spectateur. Mais Mise à mort du cerf sacré va encore plus loin dans ses retranchements.

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L’histoire du film est dure, froide. Elle donne à voir les tares et les vices de l’humain dans ce qu’il a de plus bestial. Le film emprunte en effet au style de Haneke : même cynisme cinglant et noir, même violence tantôt contenue, presque polie, tantôt explosive et sanglante. Cela donne lieu à des scènes extrêmement anxiogènes, quand bien même ce qui se passe à l’écran est en apparence très paisible. Je pense notamment à la scène où la mère et son garçon sont sur l’escalator dans l’hôpital, filmés de haut, de très loin, et où on les voit, deux petites tâches de couleur dans le blanc environnant, descendre doucement, lentement vers l’étage inférieur, et où l’on attend, où l’on attend l’incident que l’on sent imminent, inévitable.

Et c’est avec une grande maestria que Lánthimos déroule son histoire, avec une linéarité qui en devient fatale, menaçante, réussissant à empreindre tous ses plans de cette tension qui écrase le spectateur -la scène des spaghettis vous donnera des envies de meurtre. Mention spéciale à Barry Keoghan d’ailleurs, foudroyant de puissance dans son rôle.

Lánthimos parvient à maintenir cette atmosphère oppressante, étouffante avec une grande sobriété dans la réalisation. D’aucuns lui reprocheront de faire du « Shining médiocre », du bizarre pour le bizarre. Et s’il est vrai que l’absurde est en filigrane de tous les dialogues du film et peut passer pour de la simple esbroufe, les actions représentées sont loin d’être vaines et sont au contraire très rationnelles -le mari avoue tout à sa femme dès qu’il comprend la cause et l’ampleur de ce qui leur arrive, ladite femme n’hésite pas à mener sa propre enquête de son côté... autant d’actions crédibles qui font avancer le récit et lui donnent d’autant plus de poids dramatique.

Ajoutons à cela que le film, loin de viser l’absurde pour la simple beauté du geste, se prête à plusieurs lectures : si celle religieuse est annoncée dès le titre avec la thématique du sacrifice

pour la rédemption, celle politique est également envisageable en référence à une Grèce où tous paient pour les erreurs de quelques uns, ou, à échelle plus grande, en référence à une Grèce qui se sacrifie pour l’Europe.

Film-malaise, film-coup de poing, Mise à mort du cerf sacré vous retourne : deux heures où vous ne sentirez littéralement plus vos jambes... mais en redemanderez. 

Aziza

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