Yvan Attal signe ici une comédie poétique et touchante mais néanmoins mordante, truffée de politiquement incorrect. C’est néanmoins avec délice que l’on s’abreuve de chaque minute du film et que l’on apprend à sourire de clichés pourtant vus et revus.

 

Certes, le scénario souffre un peu de son manque d’originalité suivant un parcours classique et maintenant épuisé à force d’être utilisé comme base à toutes les comédies dramatiques. Un professeur de droit ayant tenu des propos déplacés vis-à-vis d’une de ses élèves se voit contraint de la présenter et de l’entraîner à un concours d’éloquence pour éviter son renvoi.

Mais heureusement, on ne s’offusque pas de cette faiblesse et on l’excuse même : le rythme est bon, la narration maîtrisée et les acteurs particulièrement convaincants. Camélia Jordana se révèle excellente, attachante et son personnage s’en trouve bien mieux compris et cerné par le spectateur. Daniel Auteuil signe ici une performance très louable compte tenu de la difficulté du rôle qu’il doit interpréter : celui d’un professeur à la limite du racisme, se fichant éperdument des règles du politiquement correct. Soulignons également le jeu d’acteur très satisfaisant des rôles secondaires (petite mention spéciale à la famille de l’héroïne qui nous livre une scène pleine d’humour).

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La qualité esthétique du film est particulièrement soignée et certains plans sont vraiment très réussis. Le jeu des lumières donne aussi au film une atmosphère bien particulière en illuminant des lieux d’exception qui nous rappellent ô combien notre patrimoine est riche. On notera à quel point certains cadrages sont audacieux et apportent une saveur toute particulière au film. La bande originale composée par Michael Brook ne fait qu’ajouter une touche de poésie supplémentaire à un recueil déjà bien rempli et apporte cette sensation si particulière de vivre quelque chose d’intense en étant simplement assis sur son fauteuil.

Mais ce qui fait la beauté du film, et j’ai senti que la salle avait eu la même sensation que moi, ce sont les magnifiques discours du fameux concours d’éloquence. Ceux-ci utilisent tellement bien les mots que des frissons parcourent la salle obscure à leur écoute. Même vous chers préparationnaires, que le thème de la parole a épuisé l’année dernière, la beauté des mots et leur pouvoir saura certainement vous toucher et vous émouvoir. D’autre part, le film aborde des sujets sensibles qui reflètent parfaitement les faiblesses de notre société (déterminisme social, machisme, conciliation de la vie professionnelle et de la vie sentimentale) mais d’une manière qui ne choque pas, ne dérange pas et fait sourire ou rire franchement à quelques moments.

 

Véritable ode à la rhétorique et à l’éloquence, Le Brio surprend par la facilité dont il aborde des sujets sensibles et trop souvent tabous en France. Pour citer Daniel Auteuil : « Quand on sait bien parler, on oublie comment dire les choses simplement », alors laissez-moi vous le dire simplement : foncez-y !