La première photo de production du personnage de Jeff Goldblum avait de quoi étonner. Mais l'on se disait, confiants, que l'étalonnage allait faire son office, que ses couleurs fushia flash allaient laisser place à des teintes mornes à la Civil War. Que nenni. Pour Thor: Ragnarok, Taïka Waititi, réalisateur de What we do in the shadows (l'écurie de Kévin Feige sait faire preuve d'éclectisme dans sa logique de recrutement), déploie la panoplie kitsch et livre un film drôle et tonitruant, qui sait (à peu de choses près) conserver ses enjeux. 

La bande annonce et l'affiche avaient déjà annoncé une "James Gunnisation" de ce troisième opus, mais le changement de cap est plus drastique que prévu. Si Thor avait déjà inséré la teinte "comédie" dans le MCU, il savait rester sérieux, comme si le poids d'Iron Man pesait sur ses épaules, limitant l'auto-dérision dont pouvait faire preuve Chris Hemsworth. Ici, l'acteur fait fi de sa fierté comme de sa touffe dorée. Alors certes, ce ton s'exprimera par le biais des désormais fameuses punchlines marvéliennes, désamorçant tout potentiel de gravité et d'épique. Mais le film n'est pas lourd dans ses moments légers, il est juste drôle. Mention spéciale à l'adorable Mark Ruffalo dont les répliques font toutes mouche durant la deuxième moitié du film. 

Loki, Thor et Hulk forment véritablement le gros point fort de l'ensemble cast (et Jeff Goldblum bien entendu qui joue... bah Jeff Goldblum). J'attendais beaucoup de Cate Blanchett, mais ses scènes semblent intercalées arbitrairement au milieu du montage, laissant un arrière goût d'inutilité. 

Alors oui, c'est un produit Marvel, avec tout le formatage que cela peut laisser entendre, de la structure en trois actes désormais bien huilée à l'orgie numérique de fin de métrage. Mais je n'avais pas autant savouré un film Marvel depuis un moment.