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OSCARS 2018

L'analyse de Thomas

25/01/18

Quel meilleur moyen de commencer l’année que de faire le bilan de la précédente ? Et pour cela, l’académie des Arts américaine a eu l’obligeance de nous guider en dévoilant les nominés de la 90ème cérémonie des Oscars, qui se tiendra le 4 mars. Tâchons de nous rappeler 2017 à l’aune de cette sélection. 

 

Mais avant de commencer, rappelons rapidement comment cette liste a été composée : les films éligibles pour une nomination aux Oscars sont tous les films sortis aux Etats-Unis entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017. Chaque corps de métier (producteurs et productrices, réalisateurs et réalisatrices, acteurs et actrices, scénaristes, monteurs et monteuses…) vote ensuite pour former la liste des nominés dans chaque catégorie correspondante. Depuis les années 90 et sous la forte influence d’un certain Harvey Weinstein, ces sélections sont fortement influencées par la fameuse course aux Oscars, une campagne de promotion que mène un distributeur (ou, plus rarement, un producteur), visant les membres de l’Académie, et mettant son film en avant, par exemple en organisant des soirées où le gratin sera invité à voir ou revoir ledit film. Une fois les nominés choisis, chaque membre de l’Académie pourra voter pour le gagnant de chaque catégorie. Sachez aussi qu’il y a environ 6 000 membres dans l’Académie, qu’on n’y rentre que par invitation, et seulement si on a reçu un Oscar auparavant ou le parrainage de deux membres de la branche visée par le candidat. D’après un article du Los Angeles Times de février 2012, l’Académie serait composée à 94% de blancs, à 77% d’hommes, et à 86% de personnes de plus de 50 ans avec un âge médian de 62 ans. Notons néanmoins qu’un gros effort pour la diversité a été menées après les débats provoqués en 2015 par l’hashtag #OscarsSoWhite. Ainsi en 2016, 46% des nouveaux membres était des femmes, et 41% des personnes de couleur, réduisant un peu la disproportion notée plus tôt, même si des efforts considérables restent à effectuer. Cette composition des membres de l’Académie est importante pour comprendre les choix effectués, mais gardons aussi en tête la nécessité pour l’Académie de soigner son image publique, surtout après #OscarSoWhite et, cette année, #MeToo et #Timesup.

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            Bien sûr, l’évènement le plus marquant de 2017 reste et doit rester, on ne le dira jamais assez, la libération de la parole des femmes qui, avant de s’étendre sur l’occident tout entier, nous vient, faut-il le rappeler, d’Hollywood, avec l’article de Ronan Farrow à propos des exactions du producteur Harvey Weinstein. Il va sans dire que les films nominés cette année aux Oscars n’ont pas été influencés, dans leur contenu, par cette révolution des mœurs, ils ont été produits trop tôt pour cela. Néanmoins, les esprits se sont ouverts, la parole se libérant, la nécessité d’une meilleure représentation des femmes s’est peut-être faite plus claire pour de nombreux membres de l’Académie, ceux-là même qui composent la liste des nominés. Ainsi, on trouve parmi les nominés au Meilleur Film une importante proportion de films ayant une femme pour personnage principal, et le favori de cette année avec 13 nominations (sur les 15 où le film, un long-métrage live, était éligible), Three Billboards – Les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh, est un film très politique, attaquant à la fois le sexisme et la violence des hommes, et le racisme des institutions publiques, notamment la police, en plus de présenter un personnage principal féminin très fort. Les nominations à l’Oscar de la meilleure actrice sont aussi l’occasion de présenter des femmes loin des stéréotypes habituels de beauté ou de féminité : Meryl Streep est une femme forte, courageuse et seule dans Pentagon Papers de Steven Spielberg, Frances McDormand une mère en quête de vengeance suite au viol et au meurtre de sa fille et prête à tout pour cela dans Three Billboards…, et Margot Robbie une patineuse au caractère bien trempé dans Moi, Tonya Craig Gillepsie, n’hésitant pas à user d’un langage et d’un comportement que le patriarcat aurait tôt fait de réserver aux hommes. Notons tout de même qu’une seule femme est nominée à l’Oscar de la meilleure réalisatrice, Greta Gerwig pour Lady Bird, contre quatre hommes. Néanmoins, parmi les films américains marquants de l’année 2017, il faut aussi se rappeler que peu ont été réalisés par une femme, sinon Detroit de Kathryn Bigelow, Les Proies de Sofia Coppola et Wonderwoman de Patty Jenkins, mais les deux premiers sont loin d’avoir fait l’unanimité, tandis que le troisième, s’il a reçu les éloges de la critique, n’a pas le profil d’un film à Oscars. L’on voit donc une représentation enthousiasmante des femmes pour cette 90ème cérémonie, des représentations variées, avec des personnages rarement sexualisés. Notons avec joie la présence rare d’une chef opératrice parmi les nominés à la meilleure photographie, la direction de la photographie étant encore habituellement laissée aux hommes.  Notons aussi l’absence surprise de James Franco dans les nominations à l’Oscar du Meilleur acteur pour The Disaster Artist, et du film globalement, nominé uniquement pour le meilleur scénario adapté. La liste des nominés étant parue une semaine après la remise des Golden Globes, où James Franco a gagné le prix du meilleur acteur dans une comédie, arborant pendant la cérémonie un pin’s #metoo, ce qui a provoqué l’ire de femmes l’accusant d’attouchements, voire de viol, parfois sur mineures, difficile de ne pas voir dans l’absence d’un film qui, six mois plus tôt, était très favori aux Oscars (sa sortie avait même été avancée suite aux projections au Comic Con des premières images pour que le film soit éligible aux Oscars), une conséquence des ces accusations.

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            Son absence ouvre alors la place pour un autre acteur, et l’on se réjouira de voir, parmi les nominés à l’Oscar du meilleur acteur, deux personnes de couleur : Daniel Kaluuya, nominé pour la première fois grâce à Get Out de Jordan Peele, et Denzel Washington nominé pour la sixième fois avec Roman J. Israel, Esq. de Dan Gilroy. Deux femmes noires sont nominées à l’Oscar de la meilleure actrice dans un rôle secondaire, Mary J. Blige pour Mudbound de Dee Rees, et            Octavia Spencer pour La Forme de l’eau de Guillermo Del Toro. Parmi les nominés au meilleur réalisateur, notons la présence de Jordan Peele pour Get Out, et du réalisateur mexicain Guillermo Del Toro pour La forme de l’eau, qui a d’ailleurs déjà remporté un prix du meilleur réalisateur aux Golden Globes, et le Lion d’Or à la Mostra de Venise, entre autres. Les personnes de couleur ou étrangères nominées sont donc moins rares qu’auparavant, même si elles sont encore loin d’être nombreuses, d’autant plus en dehors de ces prix majeurs. Néanmoins, ces nominations montrent un vrai progrès dans la reconnaissance à la fois des femmes et des personnes de couleur dans le cinéma américain, et donc un beau début d’avancée sociale et du chemin vers plus de diversité.

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            L’autre sujet d’importance pour le cinéma cette année fut la croissance de nouveaux diffuseurs, et leur entrée dans le monde des festivals et des récompenses. On se souvient notamment du scandale provoqué par la sélection en compétition au dernier festival de Cannes de deux films produits par Netflix, Okja de Bong Joon-ho et The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach. Alors s’il faut rappeler que les Oscars sont réservés aux films sortis en salle et donc, nécessairement, pas les films Netflix, il est intéressant pour nous Français de voir quels films la plateforme a pu acquérir pour les territoires internationaux (et qu’elle se fera un plaisir de présenter comme une création originale dès lors que le programme n’aura pas connu de diffusion en France ailleurs que sur Netflix, soyez vigilants). Ainsi, Mudbound, fort de 4 nominations, ne sortira pas en salles en France, mais est déjà disponible sur Netflix, de même que les documentaires Icarus de Bryan Fogel et Strong Island de Yance Ford. Ces acquisitions montrent encore une fois la stratégie de Netflix, qui tien à compléter son offre avec des œuvres pour les cinéphiles, et pas seulement pour un public familial. Absence totale d’Amazon Studios en revanche, alors qu’ils ont plus l’habitude de sortir leurs films en salle, et qu’ils ont reçu un bon succès aux Oscars 2017 avec Manchester by the sea de Kenneth Lonergan (6 nominations pour 2 prix). Et nous remarquons aussi qu’encore une fois, comme chaque année, en France, nous ne sommes pas très bien lotis. Sur les 9 films nominés à l’Oscar du meilleur film, 4 ne sont pas encore sortis chez nous, auxquels on peut ajouter Roman J.  Israel Esq. qui a valu à Denzel Washington sa nomination, The Big Sick de Michael Showalter, nominé au meilleur scénario, qui est sorti directement en DVD, The Disaster Artist, nominé au meilleur scénario adapté, qui ne sortira qu’en mars, et Parvana de Nora Twomey, nominé à l’oscar du meilleur film d’animation, qui sortira chez nous… le 27 juin. On touche là à un vrai problème dans la distribution du cinéma américain indépendant en France : les films, quand ils nous parviennent, mettre plusieurs mois à le faire. Et on ne le dira jamais assez, pour changer cela, il n’y a qu’une chose à faire : allez voir ces films en salle pour montrer qu’ils vous intéressent, que la demande existe.

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Finissons avec quelques commentaires un peu plus généraux : comme d’habitude, les films les plus nominés sont les films indépendants, pas les blockbusters de studio, à part dans les Oscars techniques. On retrouve cette année assez peu de réalisateurs bien identifiés parmi les meilleurs films (Christopher Nolan, Steven Spielberg et dans une moindre mesure Paul Thomas Anderson et Guillermio del Toro), ce qui nous permet de repérer quelques noms que nous prendrons garde de surveiller à l’avenir, notamment Greta Gerwig qui passe derrière l’écran après une belle carrière d’actrice dans le Hollywood indépendant (voir à tout prix Frances Ha de Noah Baumbach), Martin Mac Donagh qui avait déjà montré beaucoup de potentiel dans ses deux premiers films, Bons Baisers de Bruges et 7 Psychopathes, et qui prend avec 3 Billboards… une nouvelle ampleur, plus profonde, plus universelle, plus politique aussi, et bien sûr Jordan Peele dont le premier film Get Out a beaucoup à apprendre au cinéma d’horreur américain classique, et dont le discours politique montre à la fois une colère vive et un finesse bienvenue. Espérons aussi que nous reverrons Daniel Kaluuya, le héros de Get Out, et Timothée Chalamet, le héros de Call me by your name, qui tout deux débutent leur carrière cinématographique avec une nomination à l’Oscar du meilleur acteur, mais aussi Sam Rockwell, qui avait déjà montré tout son talent dans 7 Psychopathes, Moon ou H2G2 : Le guide du voyageur galactique, mais qui passe un cap assez clair dans Three Billboards… à la fois en termes de jeu et de visibilité pour un public plus large. Enfin, la France pourra se féliciter de la nomination d’Alexandre Desplat à la meilleure musique pour La Forme de l’eau et d’Agnès Varda et JR au meilleur documentaire pour le déjà plébiscité Visages Village.

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Pour le reste, il faudra attendre le 4 mars. D’ici là, quelques nominés aux Oscars seront sortis, nul doute qu’ils pourront profiter un peu de leur nomination pour gagner en visibilité, et l’on aura pu observer les conséquences des révolutions de 2017 sur le cinéma français puisque la cérémonie des Césars se tiendra le 2 mars. Et le reste, ça se passe dans les salles. 

Thomas

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